À Lyon chez Gadoue avec Tò Mò

Avec le retour des beaux jours, on s’est rendues à Lyon. Rencontre avec Claire, céramiste sous le nom Tò Mò ! Claire est aussi la cofondatrice de l’atelier Gadoue : un lieu hybride partagé par 5 céramistes avec un espace pour prendre des cours.

Claire, quelques mots pour mieux te connaitre ?

Je suis originaire de Haute-Loire et j’habite à Lyon depuis 2017.

Petite, je voulais devenir aventurière ou archéologue et découvrir d’anciennes civilisations  J’ai, à mon souvenir, toujours eu une passion pour les savoir-faire traditionnels, l’histoire culturelle. 

J’ai par la suite suivi des études d’anglais, d'histoire et d'archéologie, mais sans idée précise de ce que je voulais faire comme métier. J'avais plein d'envies différentes : métiers du patrimoine, journalisme, édition… 

J'ai adoré mes études, si j'avais pu, j'aurais continué indéfiniment… et j'y serais encore aujourd'hui !

Tu as pas mal voyagé et même vécu au Vietnam ?

Oui j'ai passé environ 5 ans au Vietnam. Et c’est de là que vient le nom de mon atelier : To Mo qui signifie Curieux, curieuse en vietnamien.

Dès la fin de mon master, j’ai eu l’opportunité grâce à mon compagnon, de partir travailler au Vietnam, à Hanoi, dans le domaine de la préservation du patrimoine. Nous avons travaillé sur ce projet jusqu'en 2015. Mes missions étaient variées et consistaient notamment à rédiger et vulgariser des contenus pour des expositions, brochures, documents d'information..

Pendant ces 5 années, nous avons eu le temps de parcourir le Nord Vietnam de long en large. Le week-end et pendant les vacances, on partait à moto sur les routes, à chaque fois une destination différente. Le Vietnam était aussi une porte ouverte vers l'Asie du Sud-Est, et nous en avons bien profité : Cambodge, Laos, Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Hong-Kong… Ce sont des souvenirs précieux. Chaque fois, on rapportait de l’artisanat dans nos bagages, comme des petits bouts d’histoire qui nous suivaient chez nous.

Après le Vietnam, nous avons passé un an au Canada, pour l'essentiel à vadrouiller d'est en ouest et du sud au nord du pays. J’ai découvert là-bas l’histoire et les savoir-faire des Premières Nations, du Québec à la Colombie britannique, en passant par le Yukon. Totems, masques, sculptures… Ça m'a fascinée.

Quel est ton premier souvenir avec la céramique ? Quelles ont été les étapes jusqu'à la prise de conscience et en faire ton métier ?

Il remonte à l'enfance : je prenais des cours dans une MJC de ma ville et j'adorais ça. Cela dit, le seul objet dont je me souvienne, c'est un cendrier fabriqué pour mes parents, pas très glamour ! 

C’est une pratique que j’ai perdue avec l’adolescence et le début de l’âge adulte. En revanche, j’ai toujours été attirée par l’artisanat et les objets en céramique, et notamment les objets venus d’autres pays. 

C’est à Hanoi que j’ai commencé, à force de côtoyer des artisans et artistes, à me réintéresser vraiment à la pratique artistique et créative. J’ai fait des ateliers de sérigraphie, de création de motifs sur textile. L’idée de faire de la poterie est doucement revenue, et je m’y suis remise dans des cours loisirs. Au bout de deux-trois ans, il m'est vite apparu que pratiquer deux heures par semaine ne me suffisait pas.

 Jusque-là, les voyages et la vie à l’étranger me remplissaient. Le retour en France et l'installation à Lyon en 2017 ont été difficiles, il n’y avait plus l’excitation de la découverte à chaque coin de rue, du dépaysement permanent.

Et j’ai en quelque sorte retrouvé ça dans la pratique de la céramique. J’ai réalisé que je mûrissais cette idée depuis des années.  À 37 ans, je me suis donc lancée dans une formation professionnelle. 

Tu vis à 100% de la céramique ?

Non, environ 50 % de mes revenus viennent de la céramique (vente et cours). À côté de ça, je suis correctrice indépendante depuis 10 ans pour différentes maisons d'édition. J'aime bien l'équilibre que je trouve entre ces deux activités très différentes.

- Tes voyages ont nourri l’esthétique de tes collections ? Si oui, comment ?

Je savais dès le départ ce que je voulais évoquer avec mes céramiques : le voyage, la poésie, l’envie d’ailleurs, la naïveté.   Pour le décor de mes collections, je m’inspire toujours de lieux ou d’objets qui m’ont marquée et qui sont importants à mes yeux. J’essaie de retranscrire tout ça d’une manière graphique et ludique, via la couleur, un motif particulier… Et j’ai l’impression que mes pièces racontent un peu de mon histoire, sans que ce soit de façon littérale. 

De manière générale, j’aime le design textile, l’illustration, l’art brut et l’artisanat folklorique. L’art préhistorique, les arts précolombien et amérindien sont également une grande source d’inspiration.  Mes “Curieux” (sculptures-totems) ont été imaginés après la visite d'une exposition sur les statues-menhirs et l’art des Cyclades au musée archéologique de Rodez. L’idée de créer des sortes de petits totems me trottait dans la tête depuis un moment, et cette visite a tout déclenché !

Le mot de la fin : un rêve lointain ?

Ouvrir une librairie - atelier de céramique. Combiner deux de mes passions, quoi de mieux ?

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